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L'intentionnalité comme guide

Gwendoline Didier • juin 30, 2020


Cette semaine, après plusieurs consultations sur le même thème, j’ai voulu me pencher sur
l’intentionnalité de nos actes. Ce concept, bien connu en philosophie (notamment celle du XXе  siècle) n’a trouvé son application que dans la psychologie ordinaire. Ce concept peut être entendu de plusieurs manières et mériterait certainement, d’être davantage considéré et nous allons voir pourquoi.

L’intentionnalité, par définition (Larousse), est le “fait pour la conscience de se trouver un objet” cela peut être également défini par le “caractère, l’aspect intentionnel d’une pensée” .
Le concept de l’intentionnalité, du point de vue des philosophes est, je vous l’avoue,  extrêmement compliqué à lire, mais également à vous retranscrire, car ils sont bien souvent en désaccord et posent des postulats qui ne me sont pas aisés à exposer. De Husserl à Heidegger, en passant par Paul Ricoeur et F. Brentano, tous, se sont jetés dans la tentative de définir l'intentionnalité liée à nos actes. Si j’ai bien compris, la question centrale se poserait ainsi : Est ce que l’intentionnalité précède l’action ? Ou sont-ce deux choses distinctes?

L’intentionnalité pose le fait qu’il y ait une “relation active de l’esprit à un objet quelconque” , les  divisions épistémologiques se font sur le fait de la rationalité de l’homme et la spécificité de nos comportements. (Thomas d’Aquin)

Alors, à ce moment-là, vous pourriez me demander, mais quel est le rapport entre moi et un
potentiel mieux-être dans mon quotidien ? J’y arrive…

Pour vous expliquer comment je travaille l’intentionnalité au cabinet, je dois abandonner  quelques instants les grands penseurs. Beaucoup de mes patients, lorsqu’ils viennent consulter, font une méprise qui entraîne nombre de conséquences sur leur propre perception de leur identité, de leur estime de soi ou de tout autre
chose. Ils font l'amalgame de ce qu’ils font avec ce qu’ils sont . Combien de sportifs ai-je entendu me dire qu’ils sont des m… parce qu’ils ont raté une compétition ? Combien de mères se trouvent  "mauvaises" rien qu’à l’idée d’aller boire un verre avec des amis? Combien de personnes se disent timides alors qu’elles sélectionnent les gens à qui elle parlent? Je vous fais grâce des jeunes et de leur peur de ne plus faire le buzz sur Instagram...

Pour certains, vous aurez peut-être vu ce qui se cachait derrière : Il s’agit de nos valeurs , et
par conséquent de nos intentions .

Prenons l’exemple que je donne souvent au cabinet :
Actuellement, ma penderie est pleine. Depuis ma plus tendre enfance, on m’a appris que les  vêtements ne se jetaient pas à la poubelle, hors ce jour, je dois faire de la place pour de nouveaux qui arrivent. Par conséquent, je vide ma penderie et je vais mettre les vêtements dans les bennes prévues à cet effet. Est ce un acte de générosité ? Cela y ressemble puisque ces bennes vont servir aux associations, et pourtant?
Autre scénario, nous sommes dans un hiver extrêmement rigoureux, et je vois des personnes  dans le besoin dans la rue. Par conséquent, je rentre chez moi et je vide ma penderie pour que mes vêtements servent aux associations, après les avoir déposés dans une benne destinée à cet effet. Que pensez-vous de cet acte? C’est exactement le même que le précédent, avec le même processus, et les mêmes conséquences, mais la vérité, c’est que l’intention n’est pas la même.

Dans les thérapies brèves ou dites de troisième vague, nous utilisons une pyramide nommée la  pyramide de Dilts. Dans celle-ci, un peu à la manière de la pyramide de Maslow, des étages représentent le moyen de se développer personnellement avec des niveaux de pensée. Ils prennent en compte tout ce qui est constitutif d’un point de vue interpersonnel/intrapersonnel.
Nous avons :
- environnement
- comportement
- capacité
- croyance/ valeurs
- identité
- sens/ spiritualité
Même si je reviendrai plus en détail sur cette pyramide dans d’autres articles, ce qui est intéressant à  observer ici, c’est que le comportement se situe très loin de l’identité. Si nous prenons un peu de recul, nous comprendrons qu’au regard de cette échelle, il devient difficile de justifier son identité par un métier, un statut social, ou de justifier certains actes, ainsi que ceux des autres par la  sanction sans appel, du fameux: Tu es….. comme ça ou comme si…

Que nous apprend l’intentionnalité finalement? :
Derrière nos actes, ne se cache pas une identité, mais peut être une valeur, une croyance (qui  peut être négative), un moment de vie, car ce que je suis en capacité de faire à un instant T, ne le sera peut être pas à un autre. C’est la manière dont nous nous représentons nos actes au travers de nos croyances, de nos intentions, de nos souvenirs, de nos sensations… (concept de Bretano) Et surtout du pourquoi nous le faisons.
La plupart du temps, dans les consultations, lorsque les patients arrivent au constat que leur mari  n’est pas…. quelque chose, mais qu’il a eu un comportement de… et une intention de…. Et réciproquement pour eux mêmes, cela amène de la bienveillance vis-à-vis des êtres humains que nous sommes, et une envie de découvrir ce qui sous-tend nos comportements, ou nos réactions.

Cela veut dire également que pour nous motiver à réaliser une action, quelle qu'elle soit, nous  avons besoin d’y mettre un peu de représentativité. Par conséquent, nous comme les autres, ne faisons jamais rien pour ou contre les autres, mais avant tout pour nous.

Nous avons un certain nombre de piliers centraux qui nous dirigent, et nous motivent dans nos  actes. Connaissez vous les vôtres?


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